Les besoins identifiés par la ville de Sousse qui ont conduit à élaborer une SDV sont de deux ordres. D’une part contextuels, étant donné les bouleversements politiques qu’a connu la Tunisie depuis 2011 et le passage par une phase de transition devant conduire à plus de décentralisation. D’autre part conjoncturels, étant donné les défis auxquels fait face la ville de Sousse en matière de futur développement à la fois économiques, sociaux, environnementaux et urbains.
En 2011 la Tunisie a connu une Révolution Citoyenne qui a conduit à la chute d’un régime autoritaire et à la remise en cause d’un Etat centralisé. L’une des causes majeures du soulèvement populaire, a sans doute été le fort déséquilibre qui existait entre les différentes régions tunisiennes, voire entre les différents quartiers d’une même ville, conséquence de la combinaison du clientélisme et d’une planification verticale et sectorielle.
Depuis 2011, la Tunisie passe par une phase de transition démocratique. Les institutions de l’État ont certes gardé leurs prérogatives et leurs attributions, mais connaissent un profond changement de vision et de méthodes. La nouvelle Constitution, votée en 2014, reconnait le principe de décentralisation et recommande d’œuvrer à accorder plus de responsabilités, de compétences et de moyens aux collectivités locales. Dès la mise en place d’une nouvelle autorité locale, les membres de la délégation spéciale en charge de la Municipalité de Sousse, ont pris conscience du futur rôle que devraient jouer les collectivités locales et de leur future influence dans le développement des territoires.
Pour faire face aux défis futurs, la réalisation d’un diagnostic transversal de la situation de Sousse et la définition d’une vision partagée quant aux prochaines orientations, est apparue aux yeux de tous comme une nécessité. Par ailleurs, l’élaboration d’une stratégie globale, prenant en compte toutes les thématiques de développement, ainsi que la définition de projets réalistes et réalisables, représentent une étape indispensable pour assurer un développement de la ville équitable et durable. Celui-ci doit prendre en compte, à la fois les besoins réels des citoyens, les urgences de la commune et les capacités techniques et financières des acteurs locaux. L’élaboration d’une SDV est apparue comme la solution la plus optimale pour répondre aux défis futurs de la ville.
Dès la définition du projet, il a été décidé d’élaborer la SDV de la ville de Sousse de manière participative. L’objectif était de définir une vision future de la ville concertée et validée par l’ensemble des intervenants sur le territoire (municipalité, administrations publiques, acteurs privés…), l’ensemble des bénéficiaires du développement local (société civile et citoyens) et l’ensemble des experts (urbanistes, universitaires, chercheurs, consultants…)
Etant donné l’environnement politique et l’instabilité dans lesquels la SDV serait élaborée, les promoteurs du projet ont opté pour l’instauration d’un comité de pilotage représentatif des différentes composantes locales. La présidence a été confiée à la Municipalité et les autres sièges ont été répartis entre les directions régionales des ministères impliqués dans le développement (Equipement, Développement Durable, Développement Régional), les administrations publiques (Office National du Tourisme, Chambre de Commerce, Agence de Promotion de l’Industrie), les universités (Faculté de Droit et de Sciences politique, Faculté des sciences économiques et de gestion), des urbanistes et des représentants de la Société Civile (représentants du patronats, représentants syndicaux, jeunes et Culture). Ceci afin d’assurer l’implication à la fois des administrations publiques, des acteurs et des experts locaux.
La participation a été initiée dès la phase de pré-diagnostic, par des entretiens individuels avec des représentants des administrations publiques impliqués au niveau de la ville, des acteurs et experts locaux. En effet, pour contourner l’absence de données au niveau local et l’imprécision de certains chiffres, l’équipe du projet a procéder à une étude « qualitative » quant à la situation de la ville, ses manques et ses besoins futurs. Ce travail a ainsi permis d’élaborer des rapports de pré-diagnostic dans les différentes thématiques, réalisés avec le concours des différents acteurs.
Au cours de la phase de diagnostic, cinq groupes thématiques ont été constitué : économie, social, environnement, urbanisme et gouvernance. L’objectif des ateliers a été essentiellement de prioriser les différents défis de chaque secteur en matière de développement et de gestion des affaires locales. Ces groupes constitués en majorité des acteurs ayant participé au diagnostic, ont reçu l’appui de personnalités et d’associations intervenants dans les différents domaines. Cette phase a permis d’élaborer un diagnostic concerté et de définir les priorités en matière de développement.
Pour la troisième phase, celle de l’élaboration du cadre stratégique, une première phase de participation a réuni les participants aux groupes thématiques, qui ont été regroupés par ligne stratégique. L’objectif était à la fois de définir les prochains objectifs stratégique pour la ville et de trouver un consensus entre différents acteurs dont les besoins peuvent paraitre contradictoire (industrie/préservation de l’environnement, domaine d’intervention des administrations publiques/ futures compétences municipales…). Cette étape a contribué à l’élaboration d’une vision future de la ville partagée et à la définition d’axes de développement transversaux. Elle a également permis d’identifier les futurs projets à mettre en œuvre. Le document du cadre stratégique a ensuite été soumis à la concertation et à la validation de la Société Civile (dans l’attente de celles des citoyens) et a permis de définir une première version du plan stratégique de développement de la ville. Ce dernier a fait l’objet de la signature d’un engagement sur l’honneur des membres du comité de pilotage pour veiller à sa concrétisation.
Enfin, la dernière étape, celle du plan d’action, a été l’occasion de prioriser et de définir de manière précise les futurs projets à implémenter. Au cours de cette phase, la participation s’est articulée de manière plus directe avec les acteurs impliqués dans la réalisation et/ou le financement des projets. Au cours d’entretien individuels, l’équipe locale a cherché à la fois à définir les contours du plan d’action et à obtenir des accords quant à la réalisation de certains projets. Le résultat de cette phase est matérialisé par la rédaction des fiches des projets qui seront mis en œuvre dans les trois prochaines années.
Au cours du processus d’élaboration, l’équipe technique locale a été confrontée à de nombreux défis. L’obstacle majeur a été l’absence de données au niveau local dans différents secteurs. En effet, la collecte et la publication des chiffres en rapport au développement s’est toujours faite à un niveau national, voire au mieux régional. Or, ces chiffres ne sont pas transposables au niveau local étant donné les disparités qui existent au sein d’une même ville. Un travail de « fabrication » et de recoupement de données a été nécessaire, ainsi que le recours à un diagnostic qualitatif de la situation de la ville.
De plus, l’équipe technique a dû faire face à une méfiance de la part de certains acteurs vis-à-vis du projet et de son initiateur, la municipalité de Sousse. D’une part certains ne voyaient pas la pertinence de l’intervention de la mairie en matière de développement (ce qui actuellement ne fait pas partie de ses compétences). D’autres ne comprenaient pas la nécessité de l’élaboration d’une SDV dans une phase transitoire. Enfin beaucoup gardaient en mémoire la période d’avant 2011, et notamment le fonctionnement des instances municipales (politiques et administratives) sous la dictature, alliant clientélisme et favoritisme. Pour faire face à ses contraintes, l’équipe technique a fait preuve de beaucoup de diplomatie, de pédagogie et de communication. Tout d’abord l’élaboration de la SDV a été présentée comme un projet de ville et non pas comme un projet municipal. Ensuite, les acteurs ont pris conscience que les futurs projets ne seraient pas uniquement de compétence municipale, mais pourraient être pilotés par d’autres administrations, voire des acteurs privés. Enfin, beaucoup ont compris que la participation serait effective et que les choix et les priorités seraient définis de manière concertée et collective.
Au cours du processus, des difficultés ont été identifiées quant à l’assimilation des méthodes de travail et de la méthodologie d’élaboration par les participants. Après une remise en cause initiale, la pratique a démontré la pertinence des outils choisis et leur efficacité quant à la réalisation des objectifs des groupes de travail.
Par ailleurs, des contraintes sont apparues au cours de la réalisation effective des phases du projet. Tout d’abord l’instabilité politique a entrainé le changement de la composition de la Délégation Spéciale et la nomination d’un nouveau maire. Ensuite, quelques changements ont été opérés au niveau des représentants des administrations publiques (tourisme, industrie…). A chaque fois, un travail d’explication et de conviction a été nécessaire pour impliquer les acteurs. Enfin, après la phase du cadre stratégique, un blocage au niveau financier a provoqué le ralentissement du projet et des retards dans la réalisation de plusieurs activités (communication, participation des citoyens, études sectorielles…).
L’élaboration de la SDV a engendré deux types de résultats. D’une part elle a permis de définir des documents pertinents pour le futur développement de la ville, d’autre part elle a conduit à un changement quant à l’approche de la gestion des affaires locales.
En effet, le projet d’élaboration de la SDV a favorisé l’élaboration d’un diagnostic transversal et réel de la situation de la ville. Il a conduit à la définition d’une future vision de la ville de Sousse, validée par l’ensemble des composantes : administrations publiques, acteurs locaux, Société Civile, Citoyens. Cette vision est accompagnée par un ensemble d’axes de développement et d’objectifs stratégiques, élaborés de manière consensuelle. Pour les atteindre, un plan d’action concerté et des projets réalistes et réalisables ont été identifiés.
De plus, le processus d’élaboration de la SDV a conduit à un changement notable quant à la manière d’appréhender la gestion du territoire local. D’une part la participation a permis une prise de conscience quant à la nécessité de la coordination entre les divers acteurs locaux pour l’implantation des futurs projets. La recherche permanente du consensus a été bénéfique pour l’apaisement des tensions qui pouvaient exister entre les différentes composantes de la ville. Le processus d’élaboration de la SDV a également été utile aux acteurs pour mieux se connaitre, et mieux appréhender les prérogatives, les domaines d’intervention et les difficultés de fonctionnement de chacun. Les groupes de travail ont également permis de mettre en place des première initiatives de collaboration entre certains participants et d’initier ou d’implémenter certains projets. Enfin, l’élaboration de la SDV a permis à la municipalité de joué un nouveau rôle dans le développement local en tant qu’articulateur des projets de ville et de se préparer concrètement aux futurs compétences qui lui seront octroyés par le processus de décentralisation.
Pour la ville de Sousse, les deux défis stratégiques pour le futur sont l’implémentation du plan d’action et la poursuite du processus initié par l’élaboration de la SDV.
L’élaboration de la SDV a permis d’identifier un ensemble de projets à mettre en œuvre. Pour converger vers la vision souhaitée et atteindre les objectifs stratégiques, la ville doit tout entreprendre pour implémenter le plan d’action. Ceci en vue d’assurer un développement durable et équilibré, mais aussi afin de renforcer le processus d’élaboration de la SDV. La mise en œuvre de ce plan d’action, nécessite des financements et une structure de suivi. Par ailleurs, il est essentiel pour la ville de continuer le processus qui a été mis en place pour l’élaboration de la SDV. D’une part, il faut maintenir le processus de participation des acteurs, de la Société Civile et des Citoyens. D’autre part il faut renforcer la coordination entre les différents intervenants sur le territoire. A cet effet, l’un des principaux projets de la ligne stratégique « Gouvernance » est l’installation d’un Bureau de Développement Local. Ce bureau serait en charge de l’impulsion des projets et de la recherche de financement, ainsi que du suivi, de l’évaluation et de la mise à jour du plan stratégique de Sousse.
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